Plus que jamais la solidité agile d’un collectif et ou d’une équipe est mise à l’épreuve de l’accélération des changements qu’ils soient en lien avec des facteurs internes ou externes.
Pour les familiers de la systémie, ce n’est point un scoop :
Que la finalité soit un engagement de transformation sociale, sociétale ou une production de biens ou de services, les acteurs vont traverser des tensions, des crises, des temps de développement ou de récession (…) avant une nouvelle étape d’équilibre.
Les membres d’un collectif reçoivent des informations connues, visibles ou cachées, invisibles et ces différents fils vont tisser un contexte, qui souvent les impactent fortement …
C’est comme si, parfois, les acteurs d’un collectif internalisaient et « portaient » à leur insu les difficultés ou les perturbations de leur environnement / de ce qui les entoure / du sujet qui les rassemble des écosystèmes en cours d’effondrement. Alors qu’ils ont besoin de toutes leurs ressources, ces membres vont vivre des épuisements d’engagement comme s’ils étaient « contaminés » par les effondrements dans leurs territoires.
De même, des membres d’une équipe enthousiastes au lancement d’un projet peuvent arriver à un état de « burn-out »… Cet état peut être en lien avec des difficultés d’autres équipes, de leurs clients, de leurs fournisseurs…et même de la raison d’être de leur entreprise !
Se pose alors les questions :
- Comment avancer pour sortir de ces intrications interne/externe ?
- Comment trouver la bonne perméabilité afin que les informations et les mouvements circulent avec fluidité ?
- Comment protéger le collectif et ses membres des intrants « toxiques » ?
- Comment trouver et aller chercher des ressources tonifiantes ?
Si un ou plusieurs membres arrivent à un état d’épuisement, on verra assez rapidement l‘équipe perdre de son dynamisme et mettre en place – inconsciemment – des jeux de pouvoir qui émergent souvent lorsque les besoins interpersonnels ne sont pas satisfaits. Cela conduit à la naissance de tensions, de conflits et cela peut même conduire au délitement du collectif…
Ce n’est, cependant, pas une fatalité.
Si les tensions/le conflit n’est jamais agréable à traverser, il n’en est pas moins un générateur de mouvement et de transformation à condition que le mouvement soit souhaité par l’ensemble des parties prenantes.
Des processus de restauration –s’ils n’ont pas été pensé en amont – peuvent alors émerger et permettre la mise en place de processus de soin à long terme dans le collectif en prenant en compte la question des besoins personnels et des besoins du collectif à chaque étape de la (re)construction de ce dernier.
Deux témoignages de facilitation d’une constellation systémique au service de cette double action du prendre soin :
❓ « Comment ralentir le grand galop de la croissance ? »
Côtoyant un réseau d’associations de jeunes qui œuvrent pour favoriser la mobilisation en faveur de l’écologie, Marie se pose la question : « Comment ralentir le grand galop de la croissance ? »
De sa place d’accompagnante, elle cherche à clarifier comment les parties prenantes interagissent entre elles et comment elles peuvent à la fois mieux développer leurs spécificités et converger vers des actions communes.
A l’issue de la constellation, elle a repéré comment elle peut soutenir en profondeur la structuration de ce réseau engagé dans la transition écologique. C’est-à-dire, comment leur permettre d’aller vers une gouvernance ajustée à la complexité des différentes parties prenantes, en dépassant les clivages avec ceux qui à l’heure actuelle ne respectent pas les principes du vivant.
⏩ Cette constellation lui a donné l’opportunité de mieux appréhender la place des parties prenantes avec leurs différentes nuances, de sortir d’une vision manichéenne « il y a les bons et les méchants ». Elle a aussi permis de se relier aux multiples apports des entreprises qui, si elles ont une part certaine de responsabilité dans la mise à mal de l’environnement, n’en demeurent pas moins des acteurs ayant une place dans la société, avec des enjeux humains importants.
❓ Comment éviter de reproduire les systèmes d’oppressions systémiques au sein d’un collectif ?
Au sein d’un collectif de cohabitation et au sein d’un collectif de luttes militantes, une personne (souhaitant rester anonyme) se pose la question : Comment éviter de reproduire les systèmes d’oppressions systémiques au sein d’un collectif ?
Lors de la constellation qui avait pour sujet principal son collectif de cohabitation, elle a ressenti que le mouvement qui fut généré appartenait en effet à ce collectif mais qu’un mouvement s’opérait également à un autre niveau – celui du collectif de luttes militantes – et ce sans porter à la conscience la nature du mouvement.
⏩ Cette constellation lui a permis de nourrir son mental et de confirmer son ressenti en visibilisant que le conflit vécu au sein de sa cohabitation n’était pas uniquement de son fait et ainsi lui a permis de reprendre sa juste place au sein de ce groupe, de se centrer pour remettre en perspective les différents niveaux de responsabilités (ce qui est sa responsabilité, celle de l’autre, la responsabilité du système mis en place…). Cet alignement lui a permis de venir poser du soin en se rendant complémentent disponible à une écoute en profondeur des autres parties et également de pouvoir déposer ce qui l’avait blessée.
🆕 Elle est ainsi passée de « je me sens blessée, non entendue et en insécurité » à « j’entends et j’écoute pour être entendue et écoutée ».
D’autre part, et à un endroit où le mental n’est pas du tout intervenu et sans y mettre de sens, elle observe qu’au sein du collectif de luttes militantes auquel elle appartient, elle a reçu des phrases réparatrices et des moments réparateurs ont été généré. Lors du débriefing, elle me relate que dans son corps, la tension est moins -voir plus du tout – présente à l’évocation des événements qui l’avaient pourtant blessée.
La constellation systémique d’organisation montre bien dans cet exemple la multiplicité et l’intrication des champs constellatoires que nous pouvons porter.
Comme des poupées russes, le collectif de cohabitation de cette personne était la première couche qui permettait d’accéder et de générer un mouvement dans « ce collectif en profondeur » qu’était celui des luttes qui aurait été sûrement beaucoup trop lourd/gros et chargé en intensité pour qu’il puisse être correctement constellé.